• Exposition Ensemble contre le génocide : comprendre, questionner, prévenir
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Exposition Ensemble contre le génocide : comprendre, questionner, prévenir

Les dix étapes d’un génocide

Le génocide est un phénomène humain dont le processus peut être analysé et compris. Il peut par conséquent être prévenu. Selon l’expert universitaire et activiste Gregory H. Stanton, le processus du génocide se développe en dix étapes, ici résumées. Ces étapes ne suivent pas toujours une progression linéaire, elles peuvent coexister. À chaque étape, des mesures de prévention peuvent être mises en action.

1CLASSIFICATION

Division des personnes entre « nous » et « eux » par des groupes en position d’autorité, selon l’origine ethnique, la race, la religion ou la nationalité.

Prévention Développer des institutions universalistes qui encouragent la cohésion sociale.

En 1926, les colonisateurs belges introduisent au Rwanda un système de cartes d’identité différenciant les ethnies tutsie, hutue et twa. Ces politiques de classification exacerberont les tensions entre les communautés. Source : Kigali Genocide Memorial

2SYMBOLISATION

Identification des gens en tant que Juifs, Roms, Tutsis, etc. Les distinguer par des couleurs ou des vêtements symboliques.

Prévention Rendre illégaux les symboles et les discours de haine, ainsi que les vêtements identifiant des groupes victimes.

Pendant les six derniers mois du régime khmer rouge, les habitants des provinces de l’est du Cambodge sont identifiés par un foulard à carreaux bleus et blancs. En 1978, ils ont été accusés d’être des « Vietnamiens dans des corps de Khmers », ils sont déportés et souvent tués. Source : Copyright 1986 Gregory H Stanton

3DISCRIMINATION

Un groupe dominant utilise la loi, les coutumes et le pouvoir politique afin de nier les droits d’autres groupes.

Prévention Respecter tous les droits civils, politiques et la jouissance au droit à la citoyenneté pour tous les groupes au sein de la société. Toute discrimination fondée sur la nationalité, l’ethnicité, la race ou la religion doit être illégale.

Tableau des lois de Nuremberg (1935) différenciant la “race aryenne” (ronds blancs), des Juifs (ronds noirs) et personnes de “sang mêlé”.
Source : Musée Holocauste Montréal.

4DÉSHUMANISATION

Affirmation par propagande de la valeur moindre du groupe victime par rapport au groupe majoritaire. Les assimiler à des animaux, des insectes ou des maladies.

Prévention Condamner, punir rapidement et rendre culturellement inacceptables les discours et les crimes haineux. Sanctionner l’incitation au génocide.

Sur cette image tirée d’un livre pour enfants, les Juifs sont comparés à des corbeaux. Allemagne, 1936. Source : Musée Holocauste Montréal

5ORGANISATION

Conception de plans de meurtres génocidaires, en général par l’État, son armée ou des milices.

Prévention Interdire l’adhésion à ces milices, sanctionner leurs dirigeants. Imposer des embargos sur les armes vers ces pays et créer des commissions d’enquête.

Le 24 avril 1915, le Ministre des Affaires internes de l’empire ottoman émet l’ordre d’arrêter les notables arméniens. L’élite de la communauté sera éliminée en quelques semaines. Source : Ottoman Archives.

6POLARISATION

Amplification des différences entre les groupes par la propagande. Interdiction d’interactions entre les groupes. Meurtre des membres modérés du groupe oppresseur.

Prévention Protéger ces membres modérés et les groupes de défense des droits humains. Saisir les avoirs des oppresseurs et les empêcher de voyager à l’étranger.

Certificat médical délivré à Avrum Rabner, Allemagne, 1939. Le tampon en bas à droite indique que ce docteur ne pouvait traiter que des patients juifs. Dès juillet 1938, il est interdit aux médecins juifs de soigner des patients « aryens ». Source : Musée Holocauste Montréal

7PRÉPARATION

Identification et séparation des groupes victimes. Obligation de porter des symboles. Déportation, isolement et famine planifiée. Préparation de listes de mise à mort.

Prévention Aide humanitaire, intervention internationale armée ou aide majeure au groupe victime pour qu’il se défende.

Déportation d’Arméniens par train vers le désert syrien. L’ensemble de population arménienne de Turquie est déportée en quelques mois. Les autorités savent alors que les chances de survie y sont presque nulles. Source : Copyright Deutsche Bank AG, Historisches Institut.

8PERSÉCUTION

Les victimes sont identifiées et isolées en raison de leur ethnicité ou de leur identité religieuse. Au sein de l’État génocidaire, les membres des groupes discriminés vont parfois être obligés de porter des symboles les identifiant et biens et propriétés sont souvent expropriées.

Prévention les organisations régionales ou la communauté internationale doivent se mobiliser afin d’assister ou intervenir auprès des victimes.

Des millions de juifs sont persécutés durant leur emprisonnement dans les camps de concentration. Camp de Dachau, Allemagne. Source : Musée Holocauste Montréal.

9EXTERMINATION

Début des massacres, perçus par les tueurs comme des actes « d’extermination » car ils croient que leurs victimes ne sont pas pleinement humaines.

Prévention Seule une intervention armée massive peut arrêter le génocide. La communauté internationale doit soutenir cette opération en fournissant transport aérien, équipement et financement.

Site de la prison S-21, ou Tuol Sleng, à Phnom Penh, au Cambodge. Des milliers de personnes y sont torturées et tuées pendant le génocide. Seulement dix personnes y auraient survécu. Source: Adam Jones, Flickr.

10DÉNI

Négation par les auteurs d’un génocide d’avoir commis des crimes. Blâme souvent rejeté sur les victimes. Dissimulation de preuves et intimidation de témoins.

Prévention Poursuite des auteurs du génocide par un tribunal international ou des tribunaux nationaux. Éducation du public.

Manifestation pour la reconnaissance du génocide arménien à Ottawa. Près de 100 ans après le début des massacres, la Turquie refuse toujours de reconnaître le génocide. Source : Comité national arménien du Québec.